« Croquer à pleines dents »
L’expression « croquer à pleines dents », une expression du 15ème siècle pour souligner le plaisir de la bonne « bouffe », une expression ayant évolué avec le temps et qui symbolise l’espoir et la joie d’une activité que nous entreprenons, un mode de faire les choses avec amour, sincérité et abnégation. La plus connue d’entre elles est celle de « croquer la vie à pleines dents » ce qui signifie profiter de chaque instant et ne laisser rien nous échapper.
Une métaphore gourmande en évolution
Ce qui porte à réfléchir sur l’association entre la métaphore gourmande de « croquer à pleines dents » et son évolution vers le plaisir de profiter pleinement de la vie. Il semblerait que le plaisir de la nourriture est, indéniablement lié à la vie heureuse et épanouie.
Entre des contraintes intrinsèques et extrinsèques
C’est le rêve de chaque individu de pouvoir profiter pleinement de la vie sans avoir à subir des contraintes qui parfois sont handicapantes voire même paralysantes.
Il y a des handicaps que l’individu peut vaincre avec un peu de fourberie et parfois en adaptant les conditions aux besoins, ces contraintes sont généralement extrinsèques et nous pouvons intervenir dessus, les modifier avec l’aide d’une tierce personne en les ajustant à nos besoins, par contre les contraintes intrinsèques sont beaucoup plus compliquées et ne sont soumises à aucune règle connue et bien définie.
Un déchiffrage complexe
L’être humain dans sa complexité la plus totale reste la créature la plus incroyable qui soit, nous avons beau essayer de la déchiffrer mais ces secrets sont si complexes et intriqués que nous ne faisant qu’essayer dans l’espoir d’y parvenir un jour.
Il est le cas pour les personnes « obèses », sans mettre des gants, il faut savoir utiliser les termes qu’il faut au moment où la situation l’exige. Ces personnes sont belles et bien obèses et elles souffrent d’obésité et l’adjectif est bien en droit ici, d’être utilisé.
Ces personnes-là trouvent difficulté dans la perte de poids, sont exclues ici celles qui y réussissent facilement avec un régime et une activité sportive, il s’agit de l’obésité morbide qui enfonce la personne qui en est atteinte dans un cercle vicieux, un cercle qui engloutit et submerge.
Obésité morbide et perte de poids
Pourquoi devient-il difficile de perdre du poids chez certaines personnes ? La probabilité de trouver une réponse unique à cette question est presque impossible du moins trop difficile. En effet, l’être humain en tant qu’entité est régie par plusieurs facteurs, nous citerons en exemple le social, l’émotionnel, le spirituel …etc.
Chacun de ces facteurs est divisé également en plusieurs sous-groupes, quand on parle du social on parle de la place de l’individu au sein de la société mais la société reste vaste et l’individu y joue plusieurs rôles, il est le citoyen parmi une panoplie d’individus méconnus par moments mais est aussi le professionnel dans un espace plus réduit et des individus plus ou moins identifiés, il est un membre d’une famille vaste et celui d’une famille plus réduite et son image diffère dans l’une comme dans l’autre par le vécu et le degré d’imprégnation des évènements sur sa personne, il est aussi un composant du couple et le vécu d’un couple à lui seul, ouvre la porte à de nombreuses influences pouvant avoir un impact psychologique étonnant chez l’obèse.
Comprendre la complexité
Comprendre la complexité de la prise en charge de l’obésité morbide peut donner de meilleurs résultats dans le succès des actions entreprises. Actions nutritionnelles, sportives, médicales ou encore chirurgicales.
C’est un réel combat contre plusieurs facteurs différents dans leurs compositions et leurs contextes d’où cette nouvelle approche pluridisciplinaire utilisée de nos jours pour faire face à l’obésité.
Une culture encore à intégrer dans les esprits d’une communauté professionnelle habituée à travailler en « solo ».
Un orchestre à diriger
La prise en charge multidisciplinaire de l’obèse est comparable à un orchestre symphonique ou chaque instrument à son importance dans la composition musicale et ou chaque musicien doit maîtriser son instrument afin que les accords nous offrent la plus belle des symphonies.
Chaque musicien devra connaître dans les moindres détails la partition pour pouvoir assurer sa part dans la réalisation du chef-d’œuvre. Il en est de même pour l’équipe pluridisciplinaire qui a, à sa charge une personne obèse, la lecture de la « partition » est d’une extrême importance pour pouvoir réussir le défi. De la radiologie à la psychologie, de la biologie à l’imagerie à la nutrition, l’endocrinologie, la dermatologie, la chirurgie bariatrique …. Etc.
Mais chose plus importante pour que cette symphonie soit agréable à l’ouïe et celle de suivre le chef d’orchestre car c’est lui et seulement lui qui assure la grâce du mouvement à l’unisson.
Le chef d’orchestre
Le besoin de « croquer la vie à pleines dents » et son association à la métaphore gourmande est plus proche de la réalité plus que ce que nous pouvons imaginer.
En effet, associer la nourriture au plaisir et au bien-être est la preuve d’une faille dans la vie émotionnelle de l’obèse, une faille qui peut trouver ses origines dans plusieurs différents motifs, le sentiment de ne pas être aimé, l’image que l’on a de soi, un vécu qui a brisé ou contribué à modifier la vision des choses, les conflits d’intérêts surtout dans les milieux professionnels et estudiantins, l’abondant, la perte de personnes chères …. etc.
Place du « chef d’orchestre » dans une institution de santé
Nous avons l’habitude de voir le patient au centre de toutes les activités d’un centre de soins, pour dire que toutes les activités sont dirigées pour faire face à ses besoins et la réhabilitation de sa santé. ; du moins c’est ce qui est schématisé dans des fichiers, prospectus, programmes … etc. réellement en est-il le cas ? Le patient est-il le réel « chef d’orchestre qui synchronise les soins autour de lui ?
L’apathie ou l’inertie dans la contribution aux décisions thérapeutiques qui concerne le patient lui-même, a enregistrée une évolution, en effet, les populations de la 2ème moitié du 20ème siècle et du 21ème siècle semble avoir pris conscience que chaque individu est maître de sa propre vie et de ses propres choix et que nul n’est en droit de prendre les décisions à sa place s’il ne donne pas son consentement. De là est naît le consentement éclairé régit pas des lois.
Mais le consentement éclairé à lui seul est-il suffisant pour assurer la synchronisation de l’orchestre et offrir ainsi le meilleur des interventions au profit de la santé de son chef d’orchestre ?
Un tsunami culturel
Il semblerait qu’un « tsunami » culturel soit nécessaire pour renverser les idées préconçues de prise en charge multidisciplinaire chez les membres de « l’orchestre ». Réapprendre à synchroniser la distribution de l’information utile permettant la prise en charge de l’obésité dans le cas présent et en général pour les patients dont la prise en charge est assez lourde et réclame, l’intervention de plusieurs spécialités.
L’obèse chef d’orchestre
Il est temps que le chef d’orchestre exprime son autorité quant au choix décisionnel qui va contribuer à la modification du parcours et du déroulement de sa vie. Être le maître à bord tout en faisant appel aux experts du domaine pour réaliser le meilleur chef-d’œuvre.
Exprimer sans frontières, briser les tabous et faire face à la stigmatisation qui dévient de plus en plus étouffante et paralysante.
La stigmatisation de l’obésité
Le monde moderne d’aujourd’hui évolue à une vitesse incroyable bien qu’il excelle de partout il y a des failles comme dans tout système qui évolue.
La robotique au profit de la médecine, la technologie dans le secteur de l’automobile, de l’immobilier, le secteur des services publics … etc.
Tous des services offerts qui ne tiennent pas en compte la personne obèse, les chaises réalisées en matériaux instables qui pour une personne de poids normale ne pose pas de problème mais chez une personne obèse risquent de casser et de provoquer une chute, des voitures dont les portes sont tellement étroites que difficilement la personne obèse arrive à monter, des toilettes petites où le mouvement devient difficile et la personne obèse à du mal à assurer sa propre hygiène et les exemples ne manquent pas.
Pour une pathologie et un problème de santé publique grave à répercutions importantes sur le coût de la santé, il est temps que tous les secteurs et domaines, les populations et surtout les gouvernements de chaque pays décident de repenser, réviser et changer les visions politiques, culturelles et éducationnelles qui régissent les populations.